L'histoire du Relais du Vin

Chers amis,
Voici quelques mots d’histoire et de légende.

En arrivant au Relais du Vin, vous avez foulé La rue Saint Denis, l’une des plus anciennes rues de Paris, tracée dès le premier siècle par les Romains, ainsi nommée car elle conduit directement du Pont-au-Change à Saint-Denis, ville où se serait effondré le Saint après son martyre. Sachez, ami visiteur, que c’était une rue de « gala », par laquelle rois et reines faisaient traditionnellement leur entrée solennelle à Paris. Pour ces festivités, toutes les rues, sur leur passage, jusqu’à la cathédrale de Notre-Dame de Paris, étaient tapissées d’étoffes de soie et de draps camelotés.

Les députés des six corps de marchands portaient le dais royal et les corps des métiers suivaient, représentant en habits de caractère, les sept Péchés mortels, les sept Vertus et la Mort, le Purgatoire, l’Enfer et le Paradis ! L’on dressait des théâtres de distance en distance où l’on jouait des scènes liturgiques et des chœurs de musique se faisaient entendre dans les intermèdes. On dit que des jets d’eau de senteur embaumaient l’atmosphère, et même que le vin, l’hypocras et le lait coulaient de toutes les fontaines.

Dans les tavernes d’alors, on raconte qu’à l’entrée d’Isabeau de Bavière, en l’an 1385 : « Il y avait à la Porte aux Peintres, rue Saint Denis, un ciel nué et étoilé très richement, où l’on aperçu des petits enfants de chœur chantant moult doucement en forme d’anges. Et lorsque la reine passa sous la porte de ce paradis, deux anges tenant en leur main une très riche couronne d’or, garnie de pierres précieuses, la mirent moult doucement sur le chef de la reine, en chantant. »

Et la Rue des Prêcheurs, nous direz-vous. Et bien on a avancé beaucoup de choses sur le nom de cette rue là… Dans les lettres de Maurice de Sully, évêque de Paris, en l’an 1184, on atteste que Jean de Mosterolo avait cédé à l’abbaye Saint-Magloire
les droits qu’il exerçait sur la maison d’un certain Robert-le-Prêcheur (predicaloris). On peut alors être sûr que sa construction était commencée à cette époque. Mais en l’an 1252, dans un document de notaire, elle est indiquée sous le nom « in vico Proedicatorum » c’est-à-dire déjà rue des Prêcheurs.

Ensuite, on y aurait vu longtemps une enseigne du Prêcheur, puis un Hôtel du Prêcheur… Pourtant son nom vient peut-être encore d’ailleurs, car à l’angle de la rue, côté rue Saint Denis on pouvait voir jusqu’en 1900 une sculpture extraordinaire, dont Jean de la Tynna (1765?-1818) raconte :
« Au coin Sud-Est de la Rue […] est un long arbre sculpté en bois, qui nous paraît être de la fin du XIVe siècle. Il a douze branches, et sur chacune est un personnage debout dans une espèce de tulipe qui fait penser à une chaire à prêcher   ; la Vierge est au sommet : on le nomme l’arbre des prêcheurs. Et nous croyons que la rue doit son nom à cet arbre. »
En fait, cette superbe sculpture gothique représentait « L’arbre de Jessé », une allégorie de la généalogie biblique, dont une figurine à la base était un saint en train de prêcher. On peut voir cet arbre au Musée Carnavalet.

Mais d’un autre paradis, la rue Saint Denis a été longtemps le théâtre. Du cimetière des Innocents jusqu’au boulevard Saint-Denis, la rue a de toujours été un des hauts lieux de la nuit parisienne… Les épicuriens y venait de partout pour ses tavernes, son vin et surtout pour ses filles de joie.

Alors chers amis, prêchons bien,
mais surtout, prêchons l’amitié et le bon vin !